JE SUIS, JE CREE. Astrologie & développement personnel

Wotan et le nazisme, selon C.G. Jung

Le psychanalyste C.G. Jung a mis en garde ses contemporains à propos de la montée du nazisme en Allemagne. Il a proposé en outre une explication originale à l’irruption de la barbarie au sein d’une société civilisée, phénomène évidemment symbolisé par une planète, en astrologie …

Jung est le créateur du concept d’”inconscient collectif” : outre les contenus inconscients personnels, il existe, selon sa théorie, des contenus inconscients partagés collectivement, quels que soient les époques et les lieux : « les instincts et les archétypes constituent l’ensemble de l’inconscient collectif. Je l’appelle « collectif » parce que, au contraire de l’inconscient personnel, il n’est pas fait de contenus individuels plus ou moins uniques ne se reproduisant pas, mais de contenus qui sont universels et qui apparaissent régulièrement. » (Ma vie)

Justement, à plusieurs reprises, dans ses écrits, Jung a révélé qu’il avait décelé, par le biais de son travail d’analyste, une puissante poussée de l’inconscient collectif chez ses contemporains. Dès 1918, il les alerte en évoquant une présence ombreuse dans l’inconscient germanique, prête à faire irruption. En 1929, il parle de nouveau des idées « délirantes  » qui mènent à des « psychoses de masse destructrices ».

  Il publie trois ans avant la seconde guerre mondiale, en 1936, un article intitulé « Wodhanaz », ou « Wotan », dans lequel il évoque encore la poussée inconsciente d’un désir collectif de puissance, et cette ombre incarnée par Hitler, il l’associe à … « Wotan » :

« Basant notre avis sur des facteurs économiques, politiques et psychologiques, nous sommes convaincus que le monde moderne est raisonnable. Je risque la suggestion hérétique que les profondeurs insondables du caractère de Wotan en expliquent plus sur le national-socialisme que ces trois facteurs raisonnables réunis. Il n’y a aucun doute que chacun de ces facteurs explique un aspect important de ce que se passe en Allemagne, mais Wotan en explique encore bien plus.”

Odin

Odin (Murray Alexander,Manual of Mythology : Greek and Roman, Norse, and Old German, Hindoo and Egyptian Mythology., 1874)

Jung présente Wotan, nommé en français « Odin », comme le dieu germanique « de la tempête », « le Vagabond, le Guerrier, le Seigneur des morts, le Maître de la Connaissance secrète, le Magicien et le dieu des poètes ». « Dieu (…) de la frénésie, déclencheur des passions et de la soif de bataille »,  il est de plus « un magicien supérieur et un artiste en illusion qui est versé dans tous les secrets occultes.”  

Assimilé au Mercure latin, Wotan est la racine de « mercredi » (jour de Mercure) dans certaines langues : wednesday (en anglais), woensdag (en néerlandais), onsdag (en danois, suédois et norvégien). Souvent figuré comme un vieil homme barbu et borgne, il se déplace sur un cheval à huit pattes, armé de sa lance. Quand il est dans son palais, il siège sur un trône avec ses deux corbeaux (la pensée et la mémoire), qui lui racontent ce qu’ils ont vu des neuf mondes. Deux loups, également, se tiennent à ses pieds.

Wotan, nous dit encore Jung, « saisit » les hommes, qui se trouvent alors en état de « possession » … Hitler, possédé par l’inconscient collectif, devient dès lors une « incarnation » de Wotan.

Pour Jung, le dieu Wotan est un archétype propre à l’inconscient collectif des peuples germaniques  : « Il est un attribut fondamental du psychisme allemand, un facteur psychique irrationnel qui agit sur la haute pression de la civilisation comme un cyclone et la souffle au loin. Les fidèles de Wotan semblent avoir jugé des choses plus correctement que les fidèles de la Raison. Apparemment chacun avait oublié que Wotan est un facteur germanique de la première importance, l’expression la plus vraie et la personnification sans égale d’une qualité fondamentale qui est particulièrement caractéristique des Allemands. »

Dès lors, on comprend qu’il est vain de vouloir faire disparaître un dieu en changeant les croyances ou les mœurs d’un peuple. Un dieu, c’est-à-dire un archétype dans la pensée jungienne, est issu de l’inconscient collectif, et il ressurgit régulièrement.

« Ce n’était pas dans la nature de Wotan de s’attarder et de montrer des signes de vieillesse. Il a simplement disparu quand les temps se sont retournés contre lui et il est resté invisible pendant plus de mille ans, travaillant anonymement et indirectement. Les archétypes sont comme les lits des rivières qui sèchent quand l’eau les abandonne mais, elles peuvent les retrouver de nouveau à tout moment. Un archétype ressemble à un vieux cours d’eau le long duquel l’eau de la vie a coulé pendant des siècles, creusant un canal profond. Et, plus elle a coulé dans ce canal, plus elle retournera naturellement un jour à son vieux lit.”

En soi, l’archétype n’est pas mauvais, mais c’est le refoulement, induit par sa diabolisation et par l’interdit religieux, qui mène à la pire des destructivités. Jung évoque, pour expliquer ce dangereux refoulement collectif, la conversion des peuples germaniques du paganisme au christianisme : « Ce sont les missionnaires chrétiens qui ont fait de Wotan un diable. En soi, il est un Dieu important – un Mercure ou Hermès, comme les Romains l’ont correctement compris, un esprit de la nature qui est revenu à la vie dans la légende du Graal”.

En astrologie, toutes les planètes sont porteuses d’ « ombre ». Néanmoins, l’astre qui représente la dimension collective de l’ombre, non civilisée et archaïque, venue du fond des âges (mais toujours présente), barbare, inhumaine, faisant irruption dans une société moderne et raisonnable, est Pluton.

Il va de soi que tous les peuples du monde sans exception sont liés à leur ombre collective, à certains archétypes, et ils peuvent connaître des états de « possession » à certaines périodes de leur histoire. Le seul rempart contre cette emprise des mouvements de masse quels qu’ils soient (et ils sont nombreux à notre époque) consiste à développer une conscience individualisée, capable de ne pas se laisser emporter dans le délire collectif …

Anne L jesuisjecree.com