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Pourquoi devons-nous attendre dans la vie ?

Il n’est pas toujours confortable d’attendre une décision officielle, un nouveau travail, un logement ou un contrat, etc. Certes, l’impatience a gagné notre société consumériste. Cependant, cet article parle aussi des périodes de latence que nous expérimentons tous, et du sens qu’elles peuvent prendre. Il invite à une attente plus méditative, sous le signe de Saturne.

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Dans la vie, certains délais sont à prévoir avant d’obtenir ce qu’on souhaite, souvent pour des raisons pratiques. Cependant, on subit parfois une attente qui nous semble anormale.

« Plus on désire une chose, plus elle se fait attendre. » (proverbe français)

On attend parce qu’on est un individu à l’intérieur d’une société, et qu’on doit adapter ses exigences personnelles à une situation collective, impliquant des délais. En ce sens, l’attente est un fait que l’on doit accepter ; elle fait partie de l’éducation à la tolérance. A cet égard, l’attente contribue à réduire la propension de chacun à la dépendance psychologique ; et elle libère l’individu de ses tendances infantiles à la « toute-puissance ».

Au contraire, dans la société moderne, les gens ne veulent plus beaucoup attendre et revendiquent la satisfaction immédiate de leurs désirs -souvent matériels. C’est la société de consommation, qui favorise l’intolérance, l’infantilisme et la violence.

D’ailleurs, s’il y a tant d’attente, c’est souvent parce que les gens veulent la même chose en même temps. Ils sont animés des mêmes envies et succombent aux mêmes convoitises, mus par un effet de mode provoqué par la publicité. La personne, dans une telle société, garde un instinct grégaire, de « troupeau », et elle ne s’individualise pas réellement.

D’ailleurs, le comble est que faire la queue dans des files d’attente pour obtenir des produits recherchés, comme des billets de concert ou le dernier smartphone, est devenu un métier à part entière aux Etats-Unis. Il existe aussi une option « coupe-file » payante, dans certains aéroports ou certains musées (etc.) Le moins qu’on puisse dire est qu’il s’agit d’un service opportuniste et rentable pour lutter contre les temps d’attente ! Il peut aussi paraître immoral et cynique, voire absurde -si tout le monde choisit l’option « coupe-file », celle-ci perd son sens. Qu’on se rassure (ironie) : il s’agit d’un service qui repose avant tout sur l’inégalité entre ceux qui paient et ceux qui ne paient pas leur droit de passer devant les autres ! Dans une société à la dérive, de nouveaux services éclosent …

« Le véritable travail, c’est de savoir attendre. » (Jean Rostand)

Si l’attente est autant décriée, c’est parce qu’elle est considérée comme un moment de vide inutile. D’ailleurs, seuls les oisifs ont le temps d’attendre, contrairement à ceux qui travaillent ! (En réalité, le vide véritable réside peut-être dans les vaines occupations du consommateur vissé à son monde matériel.)

En astrologie, certains phénomènes comme la rétrogradation des planètes, ou certains symboles comme Saturne, nous indiquent parfois des phases d’attente. En effet, les rétrogradations remettent en question nos plans, et la planète Saturne ralentit le rythme des événements. On peut anticiper ces périodes, ce qui est bénéfique psychologiquement. De même, dans la société, le fait de prévenir les personnes qui doivent attendre de la durée de leur immobilisation favorise plus de sérénité ; il a été prouvé que cette information aide à mieux accepter l’attente.

De plus, si nous devons attendre plus que de raison une réponse, une décision, un feu vert, cette expérience languissante a assurément une signification. Elle peut correspondre à la nécessité, pour nous, de faire des prises de conscience. Il s’agit souvent de relier ce que nous vivons extérieurement à notre état intérieur, par exemple, une peur, un doute profond, etc. L’attente nous pousse à méditer, pour mieux comprendre le sens de notre vie et peut-être, nous recentrer, ce qui est positif.

L’attente est un temps de maturation. En effet, la satisfaction de nos désirs est différée, ce qui nous construit, nous rend plus patients, donc plus capables de faire des réalisations importantes et de créer -plutôt que de consommer passivement des produits.

En outre, l’attente parfois donne plus de valeur au résultat. Elle permet de construire notre vie sur des bases plus solides. Le temps d’attente devient alors un temps d’approfondissement qui nous renforce. Le temps qui passe peut donc être mis à profit pour réévaluer l’importance de ce que nous recherchons.

L’attente est parfois un moment de remise en question personnelle. D’ailleurs, cette période de latence peut être rattachée à la notion de karma, la loi de cause à effet, et elle peut nous donner l’occasion de mener une réflexion, par exemple sur des choix que nous avons faits dans le passé, qui étaient trop impulsifs, inconsidérés, imprévoyants, etc. Il s’agissait des excès jupitériens, par exemple, de Jupiter, le principe opposé à Saturne.

L’attente demande aussi de développer de la souplesse et un sens de l’adaptation aux circonstances. En effet, parfois, l’attente induit du doute quant à la satisfaction future de nos désirs. On n’est plus certain de recevoir ce qu’on convoite : il s’agit dans ce cas d’un apprentissage au détachement. Nos attentes nous rappellent que rien n’est acquis. Par ailleurs, comme nos attentes ont souvent comme présupposé une exigence, elles nous réapprennent l’humilité.

Quand on attend, on gère sa frustration, son amertume et parfois sa colère. On doit prendre en considération son impuissance -et on peut le faire tout en développant en même temps une forme de sérénité.

Souvent, dans ces situations, nous recontactons des blessures anciennes qui n’ont pas été guéries (des blessures personnelles et des blessures de notre arbre généalogique, voire de nos vies antérieures -si nous admettons la thèse de la réincarnation des âmes.) Nous revivons par exemple des mémoires de tristesse, d’absence, de peurs et de langueur.

Par ailleurs, l’attente implique un état d’esprit d’anticipation. Elle repose sur l’imagination et sur le désir. En cela, les sages d’Extrême-Orient nous rappellent que seul l’instant présent est réel ! L’attente est un état illusoire. On est donc invité à ne pas trop cultiver les émotions qui accompagnent l’attente en vivant trop dans l’imaginaire.

« A qui sait attendre le temps ouvre ses portes. » proverbe chinois

Enfin, l’attente peut s’inscrire dans une fin de cycle : on attend parfois parce qu’on doit clore un chapitre de sa vie. L’attente donne la possibilité de faire ce travail plus en profondeur. Il s’agit d’effectuer un bilan de la période qui s’achève et des expériences que l’on a vécues (dans un emploi, dans un lieu, etc.) L’état d’impuissance, et l’obligation de ne pas agir tout de suite, incitent à se tourner vers l’intérieur, et à faire une introspection. L’attente en ce cas est une porte vers la connaissance de soi, et même une ouverture à l’inspiration et à la spiritualité.


Anne L jesuisjecree.com