JE SUIS, JE CREE. Astrologie & développement personnel

L’idéalisation amoureuse (et une étude du thème de Stendhal)

L’astrologie, la psychologie -et la littérature- apportent un nouvel éclairage sur l’idéalisation amoureuse … L’amoureux surévalue souvent l’objet aimé, le pare de toutes sortes de qualités. Ce phénomène, lié à la force d’attraction, indispensable à la rencontre et à la relation, est bien naturel. Cependant, un excès d’idéalisme peut engendrer des déboires.  La vie amoureuse de l’écrivain Stendhal, créateur d’une image littéraire exquise, la « cristallisation », en est une illustration… Alors, comment déjouer les pièges de l’idéalisation amoureuse ?

 

 

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crédit photo : Pixabay

Amoureux de son idéal

Idéaliser la relation amoureuse, en « plaçant la barre trop haut » implique parfois une difficulté à trouver des affinités avec les autres, ou une difficulté à vivre une simple relation dans laquelle on peut s’épanouir. Dans un cas comme dans l’autre, l’erreur est qu’on ne voit pas l’autre tel qu’il est

Alors on vit, conformément à cet état d’esprit, une quête semée de mésaventures relationnelles diverses et de déceptions : « l’autre » ne correspond pas à notre idéal …

Sur le plan astrologique, l’individu développe souvent un idéalisme lorsque le principe Vénus n’est pas intégré. Cette tendance concerne les hommes autant que les femmes. Vénus mal intégrée peut se trouver dans n’importe quel signe du Zodiaque, et recevoir aussi bien de « bons » que de « mauvais » aspects, même si une position planétaire désavantageuse accentue évidemment les difficultés, telle l’idéalisation excessive.

Vénus idéaliste est hantée par un idéal amoureux, qui forme un écran devant la réalité. Parfois même, la personne préfère ne pas vivre de relation amoureuse que de se compromettre dans une union qui serait imparfaite à ses yeux.

Souvent, l’idéaliste cherche l’âme sœur, le prince charmant ou la femme idéale, et se considère lui-même comme un(e) véritable romantique. Mais il est à la recherche d’un amour trop beau pour être vrai,  et il se crée lui-même sa frustration amoureuse, dont il souffre.

 La culture occidentale, la littérature et la poésie, ont prodigieusement glorifié l’idéal d’amour, à travers des couples mythiques qui représentent une perfection amoureuse, dans des récits qui s’achèvent souvent par la mort des amants. Ces fins édifiantes représentent l’amour éternel qui subsiste au-delà de la mort,  nourrissent notre idéal, et notre aspiration à une transcendance. Cependant, elles nous prouvent aussi que la perfection n’est pas de ce monde …  Faire mourir les amants permet de les libérer des aléas de la vie et leur simplifie grandement la tâche :  ils n’auront pas à vivre leur amour au quotidien, à faire les courses, à élever des enfants; ils ne finiront pas par divorcer, etc.

Dans le couple idéal que nous imaginons, tout se passe merveilleusement bien. L’idéal, à nos yeux, c’est en fait le couple dans lequel il n’y a absolument aucun effort à faire; aucun travail, sur le plan psychologique ou spirituel, n’est à accomplir. Il n’est ni possible ni souhaitable d’évoluer dans le cadre de cette union parfaite, car il s’ agit d’un idéal figé.

Alors, il n’est pas certain que nous trouvions notre bonheur idéal, car « la vie a d’autres projets pour nous », plus évolutifs, évidemment …( 😉 )

Psychologie de l’idéalisation amoureuse

Lorsque l’idéalisation amoureuse est pour nous un besoin psychologique intense, on se focalise sur un seul objet, qui doit nous apporter le bonheur. L’idéalisation, en ce cas, est en fait un signe de dépendance affective, car nous avons besoin de la personne que nous idéalisons, à travers laquelle nous existons.

 En effet, l’être aimé nous prouve notre valeur personnelle, et son rôle, sur un plan psychologique profond, est de réparer nos blessures narcissiques – c’est-à-dire toutes les altérations que l’amour que nous nous portons a pu connaître,  toute la dépréciation de nous-même, et toutes nos failles dans l’estime de nous-même.

L’idéalisation est en fait à la mesure du manque affectif qui nous habite. Le partenaire est chargé de combler ce manque.

Or, il n’est pas possible de réparer ces blessures de cette façon, puisque l’idéaliste n’a pas conscience de sa carence affective, ni des enjeux psychologiques de ses relations amoureuses. Ainsi, il vit sans le savoir une relation de dépendance, et/ou bien des ruptures et des « échecs » amoureux répétés …

En cas de rupture, par exemple lors du transit de Saturne, Uranus, Neptune ou Pluton, nous nous écroulons, car notre identité, qui a été colmatée tant bien que mal dans une relation de dépendance, est brisée.

 

– « Au moment où vous commencez à vous occuper d’une femme,

vous ne la voyez plus telle qu’elle est réellement, mais telle qu’il vous convient qu’elle soit. » (Stendhal) –

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cristaux d’eau givrée sur une branche

Stendhal et la cristallisation

Henri Beyle, dit Stendhal, auteur du Rouge et le noir, ou de La Chartreuse de Parme, a écrit aussi un essai publié en 1822, intitulé De l’amour. Il y décrit le phénomène de l’idéalisation amoureuse qu’il nomme « la cristallisation ». Voici ce qu’il en dit :

« On se plaît à orner de mille perfections une femme de l’amour de laquelle on est sûr ; on se détaille tout son bonheur avec une complaisance infinie. Cela se réduit à exagérer une propriété superbe, qui vient de nous tomber du ciel, que l’on ne connaît pas, et de la possession de laquelle on est assuré.
Laissez travailler la tête d’un amant pendant vingt-quatre heures et voici ce que vous trouverez :

Aux mines de sel de Salsbourg, on jette dans les profondeurs abandonnées de la mine un rameau d’arbre effeuillé par l’hiver : deux ou trois mois après, on le retire couvert de cristallisations brillantes. Les plus petites branches, celles qui ne sont pas plus grandes que la patte d’une mésange, sont garnies d’une infinité de diamants mobiles et éblouissants. On ne peut plus reconnaître le rameau primitif.
Ce que j’appelle cristallisation, c’est l’opération de l’esprit qui tire de tout ce qui se présente, la découverte que l’objet aimé a de nouvelles perfections.
En un mot, il suffit de penser à une perfection pour la voir dans ce que l’on aime. »

Stendhal décrit l’état amoureux et le phénomène de la cristallisation comme une faculté de magnifier l’objet d’amour en le parant de mille qualités exceptionnelles. Il souligne bien que la cristallisation est produite par l’imaginaire de l’amoureux. Son regard se fixe sur la personne aimée, pour la transfigurer et ne voir en elle que perfection. La cristallisation est un délice qui impliquera ensuite un retour à la réalité …

« Sorte de folie qui fait voir toutes les perfections et tout tourner à perfection dans l’objet qui fait effet sur la matrice.

Il est pauvre, ah ! que je l’en aime mieux ! Il est riche, ah ! que je l’en aime mieux !  »

(Stendhal, Vie de Henry Brulard)-

L’idéalisation dans le thème natal de Stendhal

Le thème natal et la vie de Stendhal sont très intéressants à explorer pour mieux comprendre certains aspects de l’idéalisation amoureuse …

Stendhal écrit De l’amour, cet ouvrage d’analyse du sentiment amoureux, après sa rencontre avec Mathilde Dembowsky, à Milan, en 1819. Avec elle, et de façon générale durant sa vie, Stendhal connaît des passions cuisantes.

Le scénario répétitif qui se dégage est le suivant : Stendhal est très timide et maladroit devant les femmes dont il tombe amoureux, et qu’il admire jusqu’à l’adoration. Il est éconduit par ces femmes,  ou bien elles refusent de se donner à lui charnellement. Il prend souvent, ensuite, une maîtresse plus accessible …

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Henri Beyle, 23 janvier 1783, 1H00, Grenoble

Dans son thème natal, on repère à première vue deux éléments :

D’abord,  la présence de l’astre lent Neptune en Balance, qui montre une propension à l’idéalisation amoureuse : Neptune symbolise la nostalgie d’un idéal. Il est situé dans le signe de la Balance, domicile de Vénus, lié à l’amour et aux relations.

Ensuite, on voit un amas planétaire en maison III : quatre planètes y sont conjointes, en Verseau : le Soleil, Vénus et Pluton (tous deux en étroite conjonction), et Mercure. Ce groupe est d’ailleurs au trigone de Neptune en Balance ! 

La présence de Vénus en conjonction au Soleil indique un être dominé par ses sentiments. Le sextile Vénus-Mars (Mars en Sagittaire) amplifie la passion, et Pluton dramatise la puissance des affections et des tourments. Il montre aussi, d’ailleurs, que des contenus inconscients dirigent l’individu et son affectivité,  et le poussent à détruire ses amours …

Ensuite, le trigone de Neptune suggère la poursuite d’un idéal d’amour inconditionnel, et favorise la « cristallisation », en voyant dans la femme aimée mille raisons de l’adorer.

Cependant, l’astre lent Neptune suggère aussi un sacrifice, une sublimation … Le contact Pluton-Neptune peut d’ailleurs aboutir à un dépassement des passions de nature spirituelle, ou artistique.

En effet,  le trigone de Neptune en Balance est aussi une position qui favorise un sens artistique, d’esthète. Il indique chez Stendhal de l’inspiration, une grande sensibilité et un raffinement extrême : il confirme l’amour de l’art, déjà signalé par la conjonction Soleil-Vénus, tandis que Pluton favorise également un pouvoir de création.

Le Verseau, signe d’air ( où loge l’amas de quatre planètes), montre aussi un dépassement des expériences affectives à travers des oeuvres intellectuelles. Dans ce groupe de planètes,  Mercure (comme le Verseau)  tend à apporter une rationalité dans un secteur où bouillonnent des énergies instinctives et sensuelles (Vénus, Pluton, sextile Mars). Mercure indique de plus l’orientation créatrice de Stendhal : la littérature.

Le Verseau et les planètes trans-saturniennes (Pluton et Neptune) suggèrent un dépassement et une sublimation, un processus proche du « mécontentement spirituel », évoqué ici et . En somme, le thème de Stendhal dit qu’il sublime ses amours malheureuses dans la création littéraire.

Mais revenons à l’histoire personnelle de l’écrivain, à son rapport au féminin dès son enfance : la mère de Stendhal est morte en couches alors qu’il n’avait que 7 ans. Dans Vie d’Henry Brulard, il dit de ses relations avec elle : « (À six ans) j’étais amoureux de ma mère. », « Je voulais couvrir ma mère de baisers et qu’il n’y eût pas de vêtements. Elle m’aimait à la passion et m’embrassait souvent, je lui rendais ses baisers avec un tel feu qu’elle était souvent obligée de s’en aller. J’abhorrais mon père quand il venait interrompre nos baisers. »

On voit, dans le thème de Stendhal, la Lune en Vierge. Elle reçoit les carrés larges d’Uranus, de Saturne et de Jupiter, et forme avec ces astres lents un carré un T. Cette configuration de planètes indique des difficultés émotionnelles et affectives, et concerne le principe lunaire, ce qui fait directement référence à la mère du natif.

L’idéalisation amoureuse de Stendhal est liée à son premier amour pour la mère, un amour apparemment très passionné (!), et au deuil qu’il a dû faire. Il a reproduit un certain schéma tout au long de sa vie, en adorant des femmes mariées, indifférentes, interdites, représentant la figure maternelle inaccessible et idéale.

Nos premières expériences, durant l’enfance, même celles que nous avons oubliées, et dont nous n’avons pas conscience, ont un impact sur notre vie amoureuse. Comme le montrent le thème et la vie de Stendhal par exemple, l’idéalisation amoureuse porte la marque de nos manques, et des deuils que nous n’avons pas faits sur le plan affectif …

Comment déjouer les pièges de l’idéalisation excessive ?

Etre en paix avec le passé

Pour infléchir un peu cette tendance à l’idéalisation, il s’agit de faire des deuils psychologiques importants, qui concernent notre passé, et notamment notre enfance …

Accepter ce qui est

L’idéalisation amoureuse excessive est aussi une ruse de l’ego pour ne pas se remettre en question, en refusant par exemple de voir la réalité de notre partenaire dans le couple (avec les déceptions qui s’ensuivent). Alors, il s’agit, pour déjouer ce piège, d’oublier les choses telles qu’elles devraient être, pour accepter de voir les choses et les êtres tels qu’ils sont.

Renoncer au modèle préconçu

rose-765487_960_720On plaque presque toujours des qualités sur l’être aimé. Généralement, on plaque des qualités positives, dignes d’adoration au début de la relation, et on projette également des caractéristiques négatives sur l’autre ensuite … On peut se défaire des modèles que nous portons en nous-même. Sinon, dans le couple, notre partenaire est une créature qui rassemble toutes nos projections, et son seul défaut est … d’être aussi lui-même.

Le défi est d’apprendre à voir le partenaire tel qu’il est, et de bâtir avec lui une relation.

Chercher d’autres voies d’expression à son idéal, et le vivre concrètement

On peut, pour rendre l’amour plus vivable, modifier ses attentes, en attendant moins de l’autre, en n’attendant pas tout de l’amour dans le couple, domaine où, souvent, l’idéaliste a placé TOUS ses rêves …

On peut aussi redéfinir ses aspirations, chercher comment (en dehors de l’amour) on pourrait vivre et réaliser notre idéal , de façon bien concrète.

Les amoureux de l’impossible, les idéalistes, vivent dans l’esprit. Ils ne parviennent pas à vivre l’énergie vénusienne dans le corps et dans le réel, à lui donner vie par leur volonté et leur désir.

« Il ne s’agit pas d’aimer telle ou telle personne en particulier,

mais de sentir l’amour comme une source qui ne demande qu’à jaillir,

une énergie rayonnante qui déborde pour se répandre à l’infini. »

(Omraam Mikhaël Aïvanhov)

Anne L jesuisjecree.com 

crédit photos : Pixabay