Maître du douzième signe du Zodiaque, Neptune séjourne actuellement sur ses terres, ou plutôt dans ses eaux. Son long transit dans le signe des Poissons, de 2011 à 2025, réactive (entre autres) le mythe du déluge, qui peut enrichir le sens que nous lui donnons en astrologie.
Le déluge est le retour symbolique de l’Océan primordial, avant la Création.
Le déluge est la grande lessive, décidée par une conscience supérieure. Il dissout l’ancien et opère une purification pour permettre le démarrage d’un nouveau cycle à venir …
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Le mythe du déluge est universel. Dans la plupart des mythologies du monde, on explique en effet qu’à un moment donné, toute la création a été recouverte par les eaux. Le plus ancien récit de cet événement connu à ce jour a été retrouvé à Nippur, en Mésopotamie (en Irak actuelle), gravé sur une tablette datant de 3000 avant Jésus-Christ.
Une grande catastrophe historique est sans doute à l’origine de ce mythe, sans qu’on n’ait scientifiquement prouvé sa survenue. D’aucuns voient le mythe du déluge comme une interprétation des fréquentes grandes inondations, perçues (dit-on) par les hommes comme un châtiment divin.
Le déluge est souvent présenté comme un anéantissement complet de la création, décidé par dieu, afin de corriger son imperfection. Seuls quelques représentants de l’humanité sont sauvés afin de recommencer un monde nouveau, et meilleur.
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Le déluge fait référence, dans le symbolisme astrologique, au signe des Poissons. Dernier signe du Zodiaque, il marque la fin d’un cycle, et la grande dissolution universelle par les eaux avant le nouveau cycle représenté par le Bélier. Le besoin d’une correction à l’imperfection appartient au signe de la Vierge, signe opposé et complémentaire des Poissons, et le rôle purificateur du déluge est une synthèse des valeurs de l’axe Vierge-Poissons.
Souvent, dans les mythes, une faute est à l’origine du déluge …
Dans la Bible, c’est l’immoralité des hommes qui en est la cause, comme dans la mythologie grecque qui raconte que Zeus anéantit les hommes de l’âge de bronze, trop violents.
Dans un autre épisode de la mythologie grecque, c’est l’égoïsme des voisins de Philémon et Baucis qui cause le déluge. Au Zaïre, pour expliquer l’origine du lac Dilolo, on raconte qu’un village entier ayant refusé l’hospitalité à une femme nommée Moena Monenga a été englouti sous les eaux, après que celle-ci a commencé une incantation.
Chez les Kwaya de Tanzanie et chez les Aborigènes d’Australie, un sacrilège est à l’origine de la catastrophe. Chez les premiers, une femme enfreint un interdit. Par curiosité, elle ouvre un vase contenant les cendres d’ancêtres sacrés. Le vase se casse, et le flot qui s’en écoule recouvre toute la terre. Chez les seconds, il s’agit d’un inceste commis par deux soeurs; lorsque l’une accouche, l’autre va chercher de l’eau dans la mare du Serpent créateur, provoquant la colère du serpent Yurlunggur qui se dresse et provoque ainsi le déluge.
On voit comme les mythes du déluge se rapprochent de celui de la création, et de celui du péché originel commis par Adam et Eve, suggérant d’ailleurs sur le plan ésotérique un sens initiatique, à travers les symboles du féminin et du serpent.
Dans d’autres légendes, aucune signification de châtiment n’est donnée au déluge …
C’est le cas chez les Sumériens, pour qui la surpopulation (et le bruit !) causent l’anéantissement des hommes, décidé par Enlil.
Le déluge, qui reproduit l’Océan primordial, est une nécessité d’ordre cosmique. En Inde, par exemple, le déluge s’explique par la nature même de l’univers qui est cyclique et doit donc être régulièrement détruit pour laisser la place à un autre monde. Cette interprétation correspond bien au symbolisme du Zodiaque astrologique. Le même mythe contient encore des références aux valeurs du signe des Poissons, car Manu est sauvé du déluge en raison de la compassion qu’il manifeste à l’égard d’un petit poisson, qui est en fait le dieu Vishnu …
Le déluge apparaît comme une réabsorption de l’humanité, c’est-à-dire des formes usées et épuisées. Sans le processus diluvien, elles s’étioleraient, perdraient leurs possibilités créatrices et se détruiraient définitivement. Il s’agit donc de régénérer la création, pour la perpétuer.
L’élément eau fait référence au rôle purificateur du baptême, qui prend, lors du déluge, une dimension collective.
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A chaque fois, un homme, un couple, ou un groupe est élu et sauvé du déluge pour inaugurer le monde nouveau. Il est choisi parce qu’il est juste.
Pour sauver les élus, différents moyens sont employés : l’arche, l’arbre ou la montagne et, souvent, un oiseau mythique apparaît à la fin comme témoin et signe que la vie peut reprendre son cours. C’est la colombe portant le rameau d’olivier dans la Bible.
On reconnaît dans l’arbre où les justes trouvent refuge dans certains mythes “l’arbre de vie”, qui relie les trois mondes, le ciel, la terre et le royaume des morts …
En Inde, le poisson Matsya (Vishnu) guide Manu jusqu’au mont Meru, en attendant que les eaux redescendent.
Dans la Bible, l’arche trouve refuge sur le mont Ararat en Anatolie (Turquie actuelle), lieu où des alpinistes ont d’ailleurs retrouvé en 1955 une poutre de chêne équarrie vieille de 5000 ans. En 2010, un groupe d’explorateurs a trouvé une structure qui pourrait être celle de l’arche de Noé.
La nouvelle humanité est une humanité renouvelée, née de la Terre, et produit purifié de l’ancienne création. Chez les Grecs, Zeus ordonne en effet à Deucalion et Pyrrha qui ramassent des cailloux sur le sol, de jeter derrière eux “les os de leur mère” (la Terre). En Inde, pour le nouveau cycle de vie, Manu rédige un code moral; ce sont les Lois de Manu. En Irlande, Fintan, qui a échappé au déluge, est l’homme primordial, et il retransmet à l’humanité le savoir de la tradition, dont il est le dépositaire.
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Le déluge, dont le transit de Neptune en Poissons est un symbole exact, signifie une dissolution. Plus aucune des valeurs ou des structures ne tient plus … On voit la fin, mais le renouveau se fait attendre… Pour l’avènement du nouveau cycle qui commencera dans l’avenir, il faut accepter le vide, l’inconsistance. C’est un moment de travail intérieur, associé à un lâcher-prise obligatoire, car il n’y a plus rien à faire, sinon achever, purifier afin que, plus tard, démarre un nouveau cycle de vie qui soit neuf, idéalement libéré des résidus du passé …
Anne L jesuisjecree.com